Dans une petite rue tranquille, la façade travaillée, selon les dessins et les choix de revêtements de la propriétaire, frappe par son rythme étudié et sa douceur équilibrée. La terrasse arborée souligne cet ouvrage avec élégance et le portail traditionnel est surmonté d’un petit auvent en tuiles rouges qui rappelle comme dans un clin d’œil la France, pays d’origine de Sandrine.

Une fois entrés par une courette accueillante, nous pénétrons de plain-pied dans l’univers de la designer… Une profusion de détails nous parle de sa vie, de ses voyages, de son goût pour les tissus et les parfums. Une collection exceptionnelle de flacons de parfum de grandes marques a été aménagée et délicatement agencée dans des vitrines de l’entrée. D’une simple structure de maison banale, Sandrine a elle-même, à partir de recherches et documentations fouillées, dessiné et réalisé les plafonds en caissons, dessinant et exécutant les motifs. « Mon petit plaisir malin, est de faire redécouvrir à mes amis orientaux la grandeur de l’artisanat tunisien, tout en harmonisant le traditionnel et le contemporain », nous confie Sandrine.
Deux salons se font écho, l’un aux vastes structures de rotin et bois massif, l’autre traditionnel sur sous-bassement maçonné. Ce dernier jouxte un patio arboré visible derrière une baie vitrée. Un lustre en cristal scintille au-dessus d’une petite table à café. Les sols sont entièrement réalisés selon les choix et motifs dessinés par Sandrine… Les teintes de beige, rose, gris du sol et des murs saumonés se mêlent aux rouges éclatants des tissus tunisiens. Partout des objets de décoration qui ont une histoire intime avec la maîtresse des lieux.

Donnant sur le salon, la cuisine familiale, douillette et conviviale, ouverte sur la cour et le patio, respire le bonheur de vivre. Là aussi, la touche de Sandrine se révèle à chaque détail. Les sièges Louis XIII revus et corrigés par la designer jouent le blanc et le gris du tissu dans des rythmes modernes de pois et de festons. Une réussite. « Je souhaitais une grande pièce, lieu de convivialité, de débats, de partage familial », nous explique-t-elle.
Empruntant l’escalier sans rampe, le premier étage regroupe la partie nuit, les chambres des enfants dont nous apercevons celle du dernier-né et la chambre des maîtres. Cette dernière, tout de blanc et noir au lit dessiné par la propriétaire, est remarquable par sa clarté et son point focal au-dessus du lit: un magnifique foulard en soie de chez Hermès. Le chemin de marbre festonné noir et blanc qui conduit au lit est astucieux. La suspension en cuivre martelé ravit l’œil… Chaque globe a été conçu selon les dessins de Sandrine et avec le savoir-faire admirable des artisans tunisiens sélectionnés par la créatrice. Une harmonie de compétences affleure dans ce lieu.
La chambre d’amis est exceptionnelle. Tendue de rouge, elle joue à fond la carte orientale, une vision tuniso-française de la chambre traditionnelle avec tous ses accessoires de coussins brodés dont certains « faits maison ». Sur les murs, uniquement des œuvres reprenant la tradition tunisienne. En coffre de lit, un splendide meuble français en noyer donne une allure décalée à la chambre… ce dont les invités se réjouissent à coup sûr.

La salle de bains est le clou de ce premier étage. Surprenante par ce vert profond, entièrement recouverte de mosaïques déclinant les tons de vert, elle est inspirante comme les hammams de la médina au temps des Beys. « J’ai voulu me dépasser en exploitant une couleur que je n’aime guère, tel un défi à moi-même », nous dit-elle.
Au deuxième étage, l’atelier de Sandrine jouxte un petit paradis, son salon privé, son havre de bonheur… un lieu de poésie et de grand calme où elle peut à la fois rêver, composer et réaliser, un balcon entièrement recouvert de mosaïques et son petit salon au charme suranné aux couleurs de Sidi Bou Saïd… Plus haut, le toit-terrasse arboré. Sous son escalier bleu, la fresque du bonheur réalisée par un artisan de Nabeul à partir du dessin de la maîtresse de maison. Une halte bénéfique.

Nous ressortons de cette demeure gorgés d’ondes positives, de celles que ces maisons familiales heureuses savent transmettre. Une maison qui témoigne d’un beau parcours de créatrice et d’une alliance franco-tunisienne réussie.
Texte : Martine Geronimi
Photographies : Robert Jewett